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Rebecca

Le 21 juin dernier, nous avons annoncé la création d’un partenariat avec le centre communautaire d’alimentation de Turnor Lake et de Birch Narrows. Il s’agit du troisième centre communautaire d’alimentation à s’implanter dans une communauté autochtone. Peu de temps avant cette annonce, Rebecca Sylvestre, une gestionnaire de programme, nous a décrit le parcours qu’elle a suivi pour mettre sur pied un centre communautaire d’alimentation à Turnor Lake, en Saskatchewan

« Nous vivions dans une réserve appelée Clear Lake, et une très grande partie de la nourriture que nous mangions était produite par les aîné·e·s. Un jour, le gouvernement nous a dit qu’il ne pouvait plus fournir d’électricité à notre communauté. Nous avons donc dû nous installer à Turnor Lake, où le territoire est différent — c’est rocailleux. Nous ne pouvions plus produire les mêmes aliments, et nos traditions se sont perdues. 

» Alors que je cherchais de l’aide pour notre communauté, je me disais qu’il était important que nous mettions sur pied un centre d’apprentissage pour montrer aux gens comment planter, cultiver et cuisiner, car nous avions perdu tout notre savoir traditionnel au fil du temps.

 » Un jour, j’ai découvert le modèle du centre communautaire d’alimentation. Celui-ci offrait tout ce que je cherchais : des aliments frais, des programmes éducatifs, du soutien communautaire, tout ce dont nous avions besoin pour nous entraider et redonner vie à notre culture. 

» Cependant, la pandémie a durement frappé notre communauté. Nous ne pouvions plus en sortir. Nous faisions la queue devant l’épicerie en plein hiver, à attendre de la nourriture alors qu’il n’y en avait même pas. 

» Puis l’argent du Fonds d’accès à la bonne nourriture de Centres communautaires d’alimentation du Canada est arrivé. Nous étions sauvés. Des caisses d’aliments nous furent livrées. Les aîné·e·s purent à nouveau manger de la viande et du poisson. Nous pouvions retourner chasser. 

» Ça a été le moment le plus occupé de ma vie, et j’ai vraiment aimé ça. Je n’oublierai jamais Jackie, notre extraordinaire bénévole, qui soulevait et allait porter d’énormes caisses de viande dans les maisons des gens.

» Le printemps dernier, nous avons lancé une initiative pour aider les gens à aménager leur propre jardin en leur fournissant des outils et des sachets de semences. Un jardin est soudainement apparu dans chaque cour arrière. Notre communauté, qui comptait initialement 3 de ces jardins, en compte maintenant 63, et leur nombre continue d’augmenter. D’ici peu, l’épicerie du coin ne sera plus capable de vendre ses légumes, car tout le monde mangera les siens! 

» Et maintenant, parlons de la programmation de notre centre communautaire d’alimentation — par où dois-je commencer?

» Ce qui avait commencé comme un simple atelier de mise en conserve s’est transformé en quelque chose de beaucoup plus grand. Un programme de boulangerie pour une mère et son fils, un cours de cuisine pour un père et sa fille, des repas avec les aîné·e·s, des ateliers de nutrition avec une diététicienne, et des ateliers de réparation avec des chasseurs.

» Plusieurs de nos aîné·e·s souffrent d’arthrite aux mains, et ils ne peuvent plus arranger le canard. Nous avons donc demandé une subvention que nous avons utilisée pour acheter une plumeuse pour déplumer les canards. Nos aîné·e·s se font maintenant livrer à leur porte des canards prêts à cuire. 

» Nous montrons aux enfants — de la garderie jusqu’au secondaire — comment sécher la viande. Nous donnons des couteaux en plastique aux enfants qui sont très jeunes afin qu’ils puissent expérimenter toute sorte de choses, qu’il s’agisse d’apprêter, de fumer ou de manger de la viande.

» Les aîné·e·s sont tout pour moi. Ils ont passé toute leur vie à donner à leurs enfants et petits-enfants. Les pensionnats leur ont arraché leurs enfants. Ils ne nous ont jamais abandonnés, alors pourquoi les laisserions-nous tomber? Nous devons être là pour eux. Chaque fois que je livre une caisse de nourriture chez des aîné·e·s, j’amène un·e des enfants avec moi, car ils ont besoin d’en voir.

» Normalement, lorsqu’un programme démarre dans notre communauté, il fonctionne pendant un certain temps, mais lorsque le financement est épuisé, le programme cesse. Mais grâce à notre centre communautaire d’alimentation, cela n’arrive plus. Les gens ont de l’espoir, ils voient que quelque chose se passe, et que c’est là pour de bon.

– Rebecca Sylvestre, gestionnaire de programme, centre communautaire d’alimentation de Turnor Lake et de Birch Narrows

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